Levée
de fonds de l’Association des femmes rwandaises
d’Edmonton
Discours
prononcé par l’hon. David Kilgour, c.p.,
député
Cité
francophone
Edmonton
Le
8 juin 2002
Chers
amis/ amies,
Il
me fait grand plaisir d’être avec vous ce soir.
Les réunions comme celle-ci nous offrent
l’occasion d’aller au-delà des limites
traditionnelles de la politique et de nous
concentrer sur les principes qui nous unissent en
tant qu’êtres humains.
Dans
une certaine mesure, nous sommes tous des victimes
des événements tragiques survenus il y a huit
ans. La mort d’au moins 800 000 innocents
repose maintenant sur notre conscience collective.
Il appartient à tous les habitants de la planète
de faire en sorte que de tels événements ne se
produisent plus jamais nulle part dans le monde.
Comme
vous le savez, le Canada a fortement réprouvé le
génocide et uni ses efforts à ceux des Nations
Unies et d’autres pays pour que justice soit
faite.
Comme
vous et d’autres Rwandais, le général Roméo Dallaire
et de braves soldats du Canada et d’autres pays
ont fait face à cette horreur. Prenant un risque
personnel considérable, le général Dallaire et
ses troupes ont choisi de rester sur place et de
faire tout ce qu’ils pouvaient pour sauver de
nombreux Rwandais d’une mort certaine.
L’altruisme dont ils ont fait preuve illustre à
quel point les gestes et le courage d’une
poignée d’hommes et de femmes remarquables
peuvent permettre d’épargner de nombreuses
vies.
Nous
avons accompli de grands progrès, mais il reste
encore à faire afin que ceux qui se sont rendus
coupables de crimes de guerre et de crimes contre
l’humanité ne demeurent pas impunis. Pendant
qu’ils cherchaient à obtenir justice, le Rwanda
et les Rwandais ont poursuivi leur processus de
guérison. Tous les Canadiens appuient les efforts
déployés par les Rwandais pour rebâtir leur
pays.
Permettez-moi
d’y aller de quelques commentaires personnels.
Desmond Tutu s’est rendu à Kigali peu de
temps après les événements d’avril et de juin
1994. S’adressant presque immédiatement à une
foule nombreuse rassemblée dans un stade en plein
air, ce grand homme a demandé à la population de
pardonner. Il a par la suite visité certains
lieux où ont eu lieu les massacres, notamment des
églises, comme vous le savez.
Selon
un témoin qui prenait part à ces visites,
M. Tutu a été tellement consterné par ce
qu’il a vu qu’il a changé sa façon de voir
les choses : que justice soit faite pour
au moins certains des auteurs des massacres,
ensuite le pardon. Dans l’un de ses livres,
intitulé No Future Without Forgiveness,
M. Tutu aborde les événements du passé
sans les oublier, mais il invite les gens et leurs
communautés à se réconcilier par le pardon.
Lors
d’une visite au Rwanda en 1998, j’ai eu
l’occasion de voir de près un projet financé
en partie par l’Agence canadienne de
développement international. Dans le cadre de ce
projet, des femmes rendues veuves par le génocide
ont construit des portes, des fenêtres et
d’autres matériaux de construction. J’ai
d’abord été frappé par l’ampleur de la
tragédie pour ces femmes. Lorsque je les ai
rencontrées, un autre élément a retenu mon
attention et m’a donné espoir; elles étaient
de toutes provenances – Hutu, Tutsi et Batwa. En
dépit de la violence ethnique ayant marqué leur
passé, ces femmes unissaient leurs efforts pour
donner un nouveau sens à leur communauté, sans
égard à leurs origines.
Si
de telles réalisations sont possibles au Rwanda,
imaginez ce que nous pouvons faire ici au Canada.
Nous vivons dans un pays offrant des ressources et
des possibilités innombrables. La communauté
rwandaise d’Edmonton peut accomplir tellement de
choses en unissant ses efforts.
Le
dévouement infatigable de l’Association des
femmes rwandaises mérite des applaudissements. Le
travail que ces femmes ont entrepris ici montre
que des changements sont possibles. Cette
association travaille en collaboration avec la
communauté à mieux faire connaître le Rwanda et
son histoire tout en créant des liens au sein de
la communauté rwandaise d’Edmonton. Il ne
suffit pas de pardonner et d’oublier ce qui
s’est passé en 1994; l’Association des femmes
rwandaises souhaite plutôt que tous les membres
de la communauté rwandaise se pardonnent les uns
les autres, se donnent la main pour aider les
enfants et la population du Rwanda à reconstruire
leur vie et n’oublient
jamais qu’il n’y a « pas
d’avenir sans pardon ».
Il
ne fait aucun doute que ce soir marque le début
de quelque chose d’extraordinaire. Vous êtes
tous venus appuyer l’Association des femmes
rwandaises et par le fait même, toute la
population du Rwanda. Toutes mes félicitations.
Je
vous remercie de votre générosité et je
terminerai en citant un proverbe swahili :
« Donner
est une affaire de cœur et non une affaire de
richesse. »
Merci/thank
you
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