Mesdames, Messieurs,
Ce n’est pas la première fois que David Kilgour vient en Europe pour informer les députés et le public Français des nouveaux éléments de l’enquête qu’il mène depuis plusieurs années avec David Matas au sujet du prélèvement sauvage d’organes humains sur des pratiquants de Falun Gong, un mouvement spirituel qui souffre de la pire des persécutions en Chine communiste.
Fort de l’expérience que j’ai acquise dans mon pays d’origine, je n’ai jamais douté de la véracité de ce désastre humain et l’enquête de David Kilgour et de David Matas ne fait que corroborer ma conviction.
Force est de constater que les 60 dernières années durant, il n’y a pas un crime que le régime de Pékin n’a pas commis. Pendant les 30 premières années, 80 millions de Chinois ont péri dans les campagnes politiques menées au nom de la dictature prolétarienne ou de la révolution continue sous dictature prolétarienne. Et ces 30 dernières années, depuis que le régime est converti à l’argent, « enrichissez-vous » cet impératif sans gérondif, lancé par Deng, le petit timonier, a ouvert la boîte de Pandore. Si tout doit être fait dans le passé pour la révolution, tous les moyens sont bons aujourd’hui pour faire de l’argent.
Le prélèvement arbitraire d’organes humains ne date pas d’hier dans un pays où les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif n’en font qu’un. Quand les condamnés à mort ne peuvent plus satisfaire à la demande d’un marché florissant, tombent à point nommé les pratiquants de Falun Gong qui sont ravalés au rang du paria dont on peut disposer à sa guise parce qu’ils pratiquent une philosophie à l’opposé de la lutte de classes.
Oui, il est difficile à croire à quelque chose quand on n’est pas placé devant un fait accompli, une preuve tangible ou une pièce à conviction. David Matas et David Kilgour ont, grâce à leur travail méthodique et persévérant, fourni tout ce qu’il faut pour qu’on y ajoute foi.
Le monde entier vient de marquer la journée contre le sida.
La gestion du sida en Chine communiste nous aide à mieux comprendre le problème. L’une des cause de la propagation fulgurante du virus est bel et bien le trafic illicite du sang. Les trafiquants en collaboration avec le pouvoir local collectent pour une somme dérisoire chez les pauvres paysans du sang qu’ils revendent au prix fort à la banque officielle. Mme GAO Yaojie, une femme médecin de 82 ans, vient de publier aux Etats-Unis un témoignage dénonçant cette pratique aux conséquences désastreuses ainsi que la gestion frauduleuse de la pandémie.
Que devrait faire le monde civilisé face à ce désastre humain qui dure toujours? le moins qu’on puisse dire est que le silence, observé au nom des intérêts économiques, politiques ou professionnels, est honteux. Et cela est d’autant plus vrai pour ceux qui se disent convaincus de l’universalité de nos valeurs humaines.
Abordant la Chine, on a souvent une approche économique, mais le régime de Pékin met toujours la politique en avant. Et aussi bien qu’en Chine communiste que chez tous les autres extrémistes, ce qui paraît irrationnel pour le sens commun se fait rationnellement dans la pratique. Un document confidentiel obtenu par un grand juriste chinois réfugié en Australie révèle que le PC chinois n’a jamais renoncé ni aux racines ni aux ambitions d’un communisme pur et dur.
Je vous remercie de votre attention.
Michel WU 2009-12-03 Assemblée Nationale