Les Moudjahidine du Peuple, principale force d'opposition iranienne,
ont remporté jeudi une nouvelle victoire devant la justice européenne
même s'ils continuent pour l'instant à figurer sur la liste des
organisations terroristes de l'Union européenne.
Le tribunal de Première instance de la Cour européenne de justice a en
effet estimé dans un arrêt publié jeudi que le Conseil de l'UE n'avait
"pas suffisamment motivé" sa décision de décembre 2007 maintenant
l'Organisation des Moudjahidine du Peuple (OMPI) sur la liste des
organisations considérées comme terroristes, qui lui vaut de voir ses
avoirs gelés en Europe.
Cette décision de décembre 2007 est donc annulée par les juges de Luxembourg.
Elle est en effet intervenue un mois après qu'une instance
britannique, la Commission d'appel pour les organisations proscrites,
a ordonné au Home Secretary (ministère de l'Intérieur) de retirer les
Moudjahidine de sa liste des organisations proscrites au Royaume-Uni.
La Cour a estimé que l'UE n'avait pas prouvé - après les conclusions
"particulièrement sévères" de cette commission à l'égard de la
décision du Home Secretary - que le maintien de l'OMPI sur la liste
"restait justifié". L'organisation a décision du Home Secretary était
à la base de la décision
Pour autant, les Moudjahidine continuent à figurer sur cette liste,
mise à jour deux fois par an.
Le Conseil a en effet validé en juillet 2008 une nouvelle liste
d'organisations terroristes sur laquelle ils ont été maintenus,
invoquant "de nouveaux éléments" concernant l'OMPI, qui n'ont pas été
précisés.
Cette décision n'a pas été remise en cause jeudi, même si elle
pourrait l'être à l'avenir, les Moudjahidine ayant introduit un
nouveau recours en annulation.
Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la résistance
iranienne, une organisation qui constitue la vitrine politique des
Moudjahidine, a salué cette nouvelle "victoire" juridique de son
organisation.
C'est la preuve que "l'insistance de maintenir l'OMPI sur cette liste
n'a aucune base légale ni juridique", a-t-elle déclaré à l'AFP. C'est
"une concession faite au régime des mollahs qui permet de maintenir la
dictature religieuse" en Iran, où les Moudjahidine sont interdits,
a-t-elle ajouté.
En décembre 2006, les Moudjahidine - fondés en 1965 avec pour objectif
d'abord de renverser le régime du Chah puis le régime islamiste -
avaient déjà remporté une victoire importante contre l'UE.
Les juges européens avaient alors estimé que la procédure suivie par
l'UE pour inscrire les Moudjahidine sur la liste noire avait été
insuffisamment motivée et que les droits de la défense avaient été
bafoués. L'UE avait été alors obligée de remettre à plat la façon dont
elle établit cette liste et de détailler aux organisations visées les
motifs de leur inscription.
Sur ce point, l'UE semble avoir satisfait aux exigences de la Cour. La
liste adoptée six mois plus tard, en juin 2007, selon de nouvelles
procédures définies par l'UE pour répondre aux critiques des juges,
indiquait "de façon claire et non équivoque les raisons" qui
justifiaient alors le maintien des Moudjahidine sur la liste, a estimé
jeudi l'arrêt de la Cour.
La Cour européenne de justice annule l'étiquette de terroriste de l'OMPI
Maryam Radjavi : le jugement du tribunal reconnaît le droit de
résister contre la dictature, et représente le triomphe de la justice
sur la politique et les accords et les intérêts économiques. Coller
cette étiquette de terroriste équivaut à participer à la répression.
Le Conseil des ministres européens doit des excuses à l'OMPI et au
peuple iranien.
Dans un jugement de 20 pages rendu ce matin, le Tribunal de Première
instance des communautés européennes a annulé la décision du Conseil
des ministres de l'Union européenne de maintenir l'organisation des
Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI ) sur la liste du terrorisme de
l'UE.
Mme Maryam Radjavi, présidente élue de la résistance iranienne, a
qualifié la décision de justice d'une reconnaissance du droit du
people iranien à résister à la dictature et au fascisme religieux.
Elle a dit qu'il s'agissait d'une victoire de la justice sur la
politique et les accords et les intérêts économiques. Elle a remercié
les avocats, les juristes et les parlementaires européens pour leurs
efforts véritables et inoubliables pour défendre les droits de l'OMPI
et de la Résistance iranienne. Elle a ajouté que le jugement
d'aujourd'hui, qui fait suite à un autre rendu en décembre 2006, en
plus des verdicts de la Haute cour et de la Cour d'Appel britanniques,
met fin à l'étiquette injuste de terrorisme contre l'OMPI, et démontre
que cette étiquette était dès le départ dénué de toute légitimité et
de base légale et a été simplement utilisé pour satisfaire le fascisme
religieux au pouvoir en Iran, en guise de concession. Ce verdict
plante le dernier clou sur le cercueil de cette marque discréditée de
terrorisme.
Mme Radjavi a dit que le verdict montre que maintenir l'étiquette de
terroriste contre l'OMPI de la part du Conseil des ministres de l'UE
en juillet dernier, qui s'appuyait sur la décision de la France, était
une courbette devant les mollahs, piétinait l'état de droit et en
défiait la justice et les valeurs sur lesquelles l'UE s'est
construite.
La présidente élue de la Résistance iranienne a ajouté qu'en termes
pratiques, cette étiquette équivaut à la participation et la
coopération avec le fascisme religieux dans sa répression du peuple
iranien et de sa Résistance, et qu'elle bloque la voie à un changement
démocratique dans le pays. Le régime exploite la marque du terrorisme
comme un prétexte pour exécuter les opposants en Iran et comploter
contre les 3.500 résidents de la Cité d'Achraf en Irak (qui abrite les
membres de l'OMPI). Qui plus est, dans les pays européens, les droits
élémentaires des réfugiés, des demandeurs d'asile et des membres et
des sympathisants de la Resistance, ont été violés en recourant à la
même excuse.
Mme Radjavi a ajouté qu'aujourd'hui, le Conseil devait immédiatement
retirer l'OMPI de la liste du terrorisme, dédommager le peuple iranien
pour tous les préjudices et présenter ses excuses à l'OMPI et à la
résistance iranienne. Chaque jour de maintien de cette étiquette
représente la continuation des crimes contre le peuple iranien ainsi
que le blocage de la voie du changement en Iran. Ce changement est
impératif pour la paix et la sécurité dans la région et dans le monde,
et ne peut être réalisé que par le peuple iranien et sa Résistance.
L'UE doit mettre fin à sa politique et reconnaître le désir du peuple
iranien à amener un changement.
Mme Radjavi a rappelé les déclarations de majorités de parlementaires
de divers pays européens, ainsi que des résolutions adoptées par le
Parlement européen, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
et les commissions des Affaires étrangères et des Affaires européennes
de nombreux parlements en Europe, ainsi que les appels de 2000
parlementaires à travers l'Europe pour retirer l'OMPI de la liste du
terrorisme et appliquer les jugements des tribunaux européens à cet
égard. Elle a ajouté que tous ces développements exprimaient
clairement que les peuples européens et leurs représentants se
tiennent du côté du peuple iranien et récusent les marchandages
politiques et la complaisance avec le régime des mollahs.
Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne
Le 23 octobre 2008