Les Prélèvements d'organes
David Matas et moi avons conclu suite à notre enquête indépendante l'année dernière que depuis 2001 l'État chinois et ses agences ont tué des milliers de pratiquants de Falun Gong, sans aucune forme de procès judiciare, et ont ensuite vendu leurs organes vitaux pour d'importantes sommes d'argent, souvent à des touristes à la recherches d'organes, ou "organ tourists" venus de pays riches. (Notre rapport est disponible en 19 langues à www.organharvestinvestigation.net).
Aucune de ces morts n'aurait lieu si le peuple chinois bénéficiait de la primauté du droit et d'un gouvernement qui croyait en la valeur intrinsèque de chaque individu. La vie humaine semble n'avoir pas davantage de valeur pour le Parti que l'environnement, la sécurité au travail, le système de santé ou le bien-être de moines bouddhistes au Tibet et au Myanmar. Selon moi, c'est la combinaison toxique de la gouvernance totalitaire et d'une forme de capitalisme où tout est permis qui fait à ce nouveau mal de persister a travers la Chine.
Il n'existe à ce jour, depuis juillet 1999, aucun cas rapporté indépendamment d'un pratiquant de Falun Gong ayant utilisé la force pour répondre à une attaque policière. L'ancien Rapporteur de l'ONU sur la torture Manfred Novak, a conclu à la suite de sa visite en Chine il y a un an que les deux tiers des personnes torturées à travers le pays étaient des pratiquants de Falun Gong.
L'Association Médicale Chinoise
L'Association Médicale Chinoise s'est récemment déclarée d'accord avec l'Association Médicale Mondiale à l'effet que les touristes à la recherche d'organes ne pourraient plus obtenir de transplantations en Chine. Il reste à voir si cela n'est pas qu'un exercice de relations publiques pour les Olympiques. Une autre inquiétude est que les organes prélevés chez des pratiquants de Falun Gong soient maintenant vendus à de riches patients chinois, avec ce commerce hideux continuant avec les mêmes volumes.
Matas et moi avons parlé à un certain nombre de pratiquants de Falun Gong dans plusieurs pays, qui ont été envoyés dans des camps de travaux forcés depuis 1999, et qui sont plus tard parvenus à quitter ces camps et la Chine elle-même. Ils nous ont raconté qu'ils travaillaient dans des conditions épouvantables jusqu'à 16 heures par jour sans salaire et avec peu de nourriture, plusieurs dormant dans la même chambre, fabriquant des produits destinés à l'exportation, qu'il s'agisse de vêtements, de baguettes ou de décorations de Noël pour des compagnies multinationales.
Les Olympiques de Pékin
Presque tous les observateurs indépendants s'entendent pour dire que la répression en Chine s'intensifie à l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques. Les leaders nationaux qui prévoient assister aux Jeux, les gouvernements, les médias et les commanditaires corporatifs devraient donc indiquer à leur public ce qu'ils font pour tenter de renverser cette tendance. Sinon, ils risquent d'être gravement entachés parce ce qui pourrait devenir, selon un porte-parole de Human Rights Watch, "un fiasco des droits de la personne."
Être le pays hôte des Jeux Olympiques tout en intensifiant la persécution des communautés et des individus parmi sa propre population est irréconciliable avec la Charte Olympique moderne. Il est difficile à dire qui semble le moins bien comprendre ce point—le gouvernement chinois ou le Comité international olympique (CIO). Le premier espère qu'en dépensant des sommes énormes pour installations—par le fait même obligeant des milliers de familles à quitter leur maison par la force et sans compensation adéquate—l'aidera à améliorer sa réputation internationale.
L'État chinois espère que les visiteurs étrangers—et de façon plus importante, ceux regardant la télévision à la maison—remarqueront au mois d'août le nouvel aéroport de Pékin en forme de dragon, le stade national en forme de nid d'oiseau, et les épreuves sportives plutôt que les implications pour ses citoyens de son maintien d'un contrôle politique absolu, de même que sa défense de l'autocratie à travers le monde.
Les Olympiques du génocide
Nombre des dictatures les plus brutales du monde sont tombées sous l'emprise de Pékin lors de sa quête pour des ressources naturelles. Je n'ai qu'à mentionner le Soudan, mais je vous demanderais de réfléchir à comment un gouvernement qui fait ces choses terribles au Tibet, au Myanmar, au Turkestan oriental/Xinjiang, en Ouzbékistan, au Zimbabwe et ailleurs dans le monde peut-il être autorisé par le CIO à accueillir les Olympiques?
Dans la province du Darfur au Soudan, depuis avril 2003, on estime qu'entre 400,000 et 450,000 civils Africains ont été tués par les bombes, balles et incendies orchestrés par le gouvernement militaire de Bashir à Khartoum, où sont morts de causes analogues, comme la famine et la maladie.
Le gouvernement chinois continue d'aider de plusieurs façons le Soudan de Bashir, dont le financement et l'approvisionnement en armes contre la vente à bas prix de la plus grande partie de la production soudanaise de pétrole. Depuis que le massacre a commencé en 2003, l'État chinois a aussi menacé d'utiliser son veto au Conseil de sécurité des Nations Unies afin de bloquer toute possibilité d'action efficace de l'ONU contre le Soudan.
Des ombres croissantes sur les Jeux
Le monde a hâte aux Jeux Olympiques parce qu'ils mettent en vedette le meilleur talent athlétique de la famille des nations. Les Jeux cette année font face à de plus en plus de critiques car le gouvernement hôte demeure l'un des violateurs les plus flagrants et systématiques de la dignité humaine.
Les Jeux Olympiques et les mouvements pour les droits de la personne à travers le monde partagent les mêmes buts: l'unité, la dignité et l'égalité entre tous les membres de la famille humaine. Quand cet objectif est systématiquement violé par le gouvernement qui accueille des Jeux Olympiques, le mouvement olympique au complet perd de sa crédibilité.
Le CIO devrait demander aux organisateurs des Jeux Olympiques de 2008 qu'ils se conforment à la Charte Olympique et s'abstiennent d'actes discriminatoires sur tout groupe ou individu durant les Jeux. En tant que consommateurs, nous devrions commencer à poser de sérieuses questions aux commanditaires corporatifs des Jeux, tels Manulife, Visa, Kodak, Samsung, Panasonic, Omega, Johnson & Johnson, McDonald's, General Electric, John Hancock et Coca-Cola. Leur silence implique leur assentiment avec ce qui se passe à travers la Chine.
Mia Farrow, Steven Spielberg, Uma Thurman et plusieurs autres à travers le monde se sont déjà prononcés en faveur de la dignité humaine aux Olympiques de 2008. Minky Worden de Human Rights Watch n'a-t-elle pas raison quand elle dit que les commanditaires corporatifs, les gouvernements et les Comités olympiques nationaux devraient pousser Beijing à améliorer les conditions des droits de la personne en Chine? "Les commanditaires corporatifs olympiques mettent leur réputation en jeu s'ils ne tentent pas de convaincre le gouvernement chinois de maintenir les engagements en matière de droits de la personne qu'il a pris afin d'amener les Jeux à Pékin".
Nous devrions d'ailleurs tous le faire. Nous demandons au gouvernement chinois d'honorer les promesses qu'il a faites quand il a soumis sa candidature pour accueillir les Jeux. Si vous êtes d'accord, je vous prie de faire pression sur votre propre gouvernement et votre Comité olympique national pour qu'il appelle le gouvernement chinois au respect de ses engagements.
En résumé, je pense que la situation des droits de l'homme à travers la Chine s'est dégradée et que les officiels du gouvernement canadien ne devraient pas participer à l'ouverture des Jeux olympiques. Cette action fait une remarque mais elle ne pénalise pas aux athlètes lesquels se sont entrainé par beaucoup de temps.
Merci.